Rares sont les entreprises où l’on chante les louanges du SIRH en usage, et ce que l’on soit un professionnel des RH ou bien un collaborateur.
Le SIRH est bien souvent jugé contre-intuitif, générateur de perte de temps, inadapté, vieillot, pas forcément très beau…
Tout était censé changer en passant au Cloud.
Mais on a beau faire, ça déçoit toujours !
Pour preuve cette étude de Deloitte publiée en 2019 qui montre que les solutions Cloud sous-performent sur tous les critères attendus :
Source : Deloitte Global Human Capital Trends Survey, 2019
Trois carences particulièrement révélatrices :
- L’expérience employé - où le Cloud était le plus attendu - déçoit les attentes des décideurs RH ;
- Le Cloud peine également à convaincre sur les innovations technologiques RH
- Pire, l’écart le plus important entre attendu et réalisé sanctionne l’accompagnement RH pour devenir une fonction stratégique. Et vient donc questionner la capacité du SIRH à avoir un impact business !
Pourquoi l'échec du Cloud ?
Le Cloud est d’abord un effort marketing pour faire peau neuve.
On peut faire du neuf avec de l’ancien, mais est-ce que le produit va suivre ?
La difficulté est que le logiciel apporte avec lui une dette technique et culturelle.
Qu’est ce qui fait la force du SaaS qu’un logiciel peut difficilement acquérir ?
- L’obsession de la user experience
Le SaaS comme solution bénéficie de la culture web très axée sur l’expérience utilisateur. Pour un site web, par exemple comme Amazon ou Booking, la conversion de l’utilisateur en client est une donnée critique. Beaucoup de temps est donc consacré à mesurer, analyser et améliorer le comportement de l’utilisateur. Cette obsession est partagée par les solutions SaaS dont la culture fondamentale est le web,tandis que les logiciels d’entreprise avec leur solution installée (on-premise) ont rarement eu accès aux données d’usage des collaborateurs. Ce décalage culturel permet de comprendre pourquoi les logiciels Cloud continuent de décevoir sur l’expérience utilisateur. Et aussi pourquoi l’expérience utilisateur est le critère le plus attendu : les collaborateurs ou les services RH vont dans leur cadre personnel avoir accès aux meilleures expériences en réservant une chambre sur Airbnb ou en achetant un produit sur Amazon et, de retour dans leur entreprise, vont mesurer la distance qui sépare ces expériences web de l’expérience SIRH.
- L’agilité dans le développement
Une des spécificités du SaaS est l’agilité dans le développement du software. Les nouvelles fonctionnalités sont automatiquement intégrées après avoir été testées et validées. Les logiciels on-premise au contraire développent des fonctionnalités pour la version suivante de leur logiciel. L’immédiateté dans le SaaS a forgé une culture de l’agilité : sprints rapides, itérations sur la base de retours d’expériences clients, réceptivité aux innovations technologiques… Ce point est fondamental dans la conception du produit qui permet à la solution d’être au plus proche des attentes de l’utilisateur. C’est ce qui permet à l’outil d’être innovant. C’est pourquoi, par exemple, les logiciels Cloud on beaucoup de mal à intégrer le big data dans leurs outils. On comprend mieux pourquoi les attentes des RH ne sont pas comblées par le Cloud quant-aux innovations technologiques RH.
- Les pratiques sales
Les logiciels on-premise se vendent comme des produits dont la responsabilité est souvent transférée à la DSI ou à un intégrateur. L’essentiel est de vendre. Ce qui se passe après importe moins. D’où cette expérience vécue par de nombreux acheteurs de logiciel : en démo c’est très bien et puis une fois que le contrat est signé les problèmes commencent. Cette logique perdure dans le Cloud avec des coûts de projet élevés et des périodes d’engagement longues (3 à 5 ans). L’essentiel, c’est toujours de vendre. Le SaaS, s’il doit (bien sûr) vendre, doit également s’assurer que son client est satisfait pour éviter le churn, terme qui définit dans le monde du SaaS la perte d’un client. Le churn, c’est l’ennemi numéro 1 dans le logiciel SaaS car les périodes d’engagement sont courtes et les coûts de lancement sont nuls. Il y a donc une nécessité de satisfaction au cœur même du business model de l’outil SaaS.
Merci beaucoup de votre lecture :)
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